L'Espagne

Publié le par Eric Balay

GÉOGRAPHIE:

De forme massive, le pays est constitué au centre par un vaste socle hercynien appelé la Meseta. Celle-ci est divisée par des blocs faillis surélevés (sierra de Gredos et sierra de Guadarrama) en deux régions : la Vieille-Castille au Nord et la Nouvelle-Castille au Sud. Le pays compte 17 régions et 50 provinces. Madrid : Approx. 6 000 000 hab.

HISTOIRE :

I - Premières colonisations : l'Espagne romaine : Le pays fut habité dès le néolithique. A la fin du IIème millénaire avant notre ère, les côtes méditerranéennes étaient déjà occupées par les Phéniciens, les Rhodiens et les Grecs qui y créèrent des comptoirs. Tôt christianisée (IIème siècle), le pays fut un foyer de pensée chrétienne.

II - L'Espagne wîsogothique : Les Barbares abordèrent le pays à partir de 409 . Pour rétablir son autorité, Rome envoya Athaulf, chef des Wisigoths en 412. Les Wisigoths régnèrent dans la Péninsule durant deux siècles (VIème - VIIème siècles) ; la conversion du roi arien Recard en 587 marque le début d'une sorte de théocratie conciliaire : dix conciles, tenus à Tolède de 633 à 711, désignèrent les rois et les contrôlèrent.

III L'Espagne mulsumane : L'Espagne wisigothique s'effondra brutalement en 711, quand les Maures islamisés conduits par Tariq passèrent de Tanger à Gibraltar. Le roi Rodrigue fut vaincu à Cadix (19 juill. 711); en quelques années, la Péninsule fut aux mains des Arabes qui créèrent un émirat dépendant du calife de Bagdad. Cependant Al-Mansurl, vers l’an 1000 stoppa l'avance chrétienne.

IV La Reconquista : Celle-ci ne se développa vraiment qu'après la dislocation du califat de Cordoue en 1031. Les rois chrétiens et leurs lieutenants — tel le célèbre Cid Campeador qui se tailla un royaume autour de Valence — exploitèrent les faiblesses des royaumes de Taifas. En 1085, le roi de Léon et de Castille, Alphonse VI, s'empara de Tolède et, pour souligner sa volonté de fondre en un seul peuple musulman et chrétiens, se proclama "empereur des deux religions" : événement important qui provoqua une réaction des musulmans, renforcés par les Almoravides, venus d'Afrique ; en 1086, ceux-ci écrasèrent Alphonse VI à Zalaca ; mais la victoire de l'Aragon à Tudela en 1114 et la prise de Saragosse en 1118 établirent la suprématie d'Alphonse VII de Castille sur l'Espagne chrétienne. De nouveaux renforts arabes vinrent d'Afrique en la personne des Almohades, qui battirent Alphonse VIII à Alarcos en 1195. Devant cette nouvelle menace, les souverains espagnols se coalisèrent : la récompense de cet effort fut l’éclatante victoire des chrétiens coalisés à Las Navas de Tolosa, hameau situé au pied de la sierra Morena en 1212. La Reconquista fut alors arrêtée durant deux siècles par les crises intérieures des royaumes chrétiens et par leurs ambitions commerciales et coloniales. En 1469, le mariage de Ferdinand II (10 mars 1452 – 23 janvier 1516), mort à 64 ans, futur roi d'Aragon et de l'infante Isabelle de Castille (22 avril 1451-26 novembre 1504) morte à 53 ans scella en fait l'unité espagnole. Arrivés au pouvoir en 1474 et en 1479, les deux époux assurèrent leur autorité. Surtout, leur action conjointe permit l'achèvement de la Reconquista : en 1492, Grenade tombait entre leurs mains. Puis les Rois Catholiques lancèrent leurs caravelles à la conquête du monde : c'est pour leur compte que, en 1492, Christophe Colomb débarqua en Amérique, la rivalité hispano-portugaise fut réglée par le traité de Tordesillas signé en 1494 qui partagea entre les deux pays les terres restant à découvrir.

V. Le "Siècle d'Or" : Avec le XVIème siède s'ouvrit pour le pays une période de prospérité : en 1512, la Navarre fut annexée par l'Aragon.

VI - Le XVIIème siècle : La décadence se précipita sous les successeurs de Philippe II (1527 - 1598), mort à 71 ans. Philippe III (1578 - 1621), mort à 43 ans qui régna de 1598 à 1621 se laissa dominer par le favori Lerma. Le règne de Philippe IV (1605 -1665), mort à 60 ans, qui régna de 1621 à 1665 fut catastrophique.

VII - L'Espagne des Bourbons : Louis XIV accepta le testament de Charles II, mais le règne du Bourbon Philippe V de 1700 à 1746 ne fut assuré qu'à la fin de la guerre de Succession entre 1701 et 1713 de laquelle le pays sortit épuisé. La mort de Ferdinand VII (1784 - 1833), mort à 49 ans, ouvrit une longue période de troubles et aussi de marasme économique. À partir de 1834, la rivalité entre carlistes, partisans de Carlos, frère de Ferdinand VII et des partisans d'Isabelle II, fille et héritière désignée de Ferdinand. Carlos se réclamait de la "loi salique" pour revendiquer la succession. Après une âpre lutte, les carlistes furent vaincus en 1839 ; mais la reine mère et régente Marie-Christine (1806 -1878), morte à 72 ans, dut quitter le pouvoir au profit du "progressiste" Espartero entre 1830 et 1843. Le gvt de Serrano et de Prim dura deux ans; Prim offrit le trône à Leopold de Hollenzalern, cousin du roi de Prusse ; l'opposition à la France fit échouer le projet (juillet 1870). Finalement, Amédée de Savoie accepta la couronne espagnole, mais il abdiqua dès février 1873. Aussitôt la république unitaire et autoritaire d'Emilio Castelar fut proclamée ; mais il était trop tard, car, dès 1874 (Sagonte, 29 décembre) un pronunciamento militaire rétablissait la royauté au profit d'Alphonse XII (1857 -1885), mort à 28 ans, fils d'Isabelle II. Marie-Christine, veuve d'Alphonse XII, assura la régence durant la minorité d'Alphonse XIII, cette régence fut marquée par la guerre hispano-américaine de 1898, à l'issue de laquelle l'Espagne perdit Cuba, Porto Rico et les Philippines. En 1902 commença le règne d'Alphonse XIII (1886 - 1941), mort à 55 ans, la crise éco et sociale connut une flambée. La période 1917 - 1923 fut très troublée : des juntes militaires se multiplièrent. De guerre lasse, le roi entérina le coup d'État du général Primo de Rivera qui substitua au Parlement un Directoire de militaires et de techniciens. A de nouveaux troubles, Primo de Rivera répliqua par la force ; en janvier 1930, il dut démissionner. Après la semi-dictature de Berenguer et les élections municipales du 12 avril 1931, qui donnèrent la majorité aux républicains. Alphonse XIII quitta le pays sans abdiquer.

VIII - La République (1931 –1936) : Le 14 avril 1931, la République était proclamée. Alcalà Zamora (1877 - 1949), mort à 72 ans, qui avait dirigé le gvt provisoire, fut élu pdt de la République. A la tête du gvt fut placé un homme de gauche Azaña qui dut compter avec l'opposition sourde de l'armée. Mais l'hostilité d'Alcalà Zamora accula Azaña à la démission en 1933 et à l'élection de nouvelles Cortes, où la droite se trouva renforcée en novembre 1933 qu'elle put être représentée au gvt (octobre 1934). Afin d'aboutir à un vrai équilibre, Alcalà Zamora fit procéder, le 18 février 1936, à de nouvelles élections législatives : celles-ci furent marquées par le triomphe du Frente Popular (Front Populaire). Azaña redevint chef du gvt de la République. Cependant, l'opposition militaire carliste de José Antonio Primo de Rivera se regroupait sous la direction de Sanjurjo et de Calvo Sotelo. L'assassinat de ce dernier (12 juillet 1936) provoqua le soulèvement des troupes marocaines, puis de l'ensemble des garnisons espagnoles. A la tête de cette révolution se plaça le gouverneur des Canaries, le général Franco (1892-1975), mort à 83 ans.

IX - La guerre civile (1936 -1939) : Ainsi commençait une atroce guerre civile qui opposa jusqu'en avril 1939 les républicains (socialistes et communistes) aidés par les "brigades internationales" aux nationalistes groupant l'armée régulière, les phalangistes, les monarchistes et les carlistes, appuyés sur l'Eglise et renforcés par des troupes allemandes et italiennes. Installé à Valence, le gvt républicain eut à faire face, dès avril 1937, à une grave crise politique due aux discussions au sein de l'équipe en place : la "charte d'unité d'action" fut finalement adoptée en avril 1937. Peu après, le gvt républicain s'installait à Barcelone. Du côté des nationalistes (Burgos), la "junte de défense" fit rapidement place à une "junte technique" dirigée par le généralissime Franco (octobre 1936) ; bientôt proclamé "Caudillo"; un "parti unique" fut créé en 1937. En avril 1938, les nationalistes atteignaient la Méditerranée. Negrin forma alors un nouveau gvt. Mais, le 25 janvier 1939, Barcelone tomba aux nationalistes ; le 28 mars, ce fut le tour de Madrid. Maître de tout le pays, le général Franco appliqua partout le Fuero du travail, principes de nouveau régime élaborés avec l'appui de la police, des organisations de jeunesse, de la presse, de l'Eglise et de l'armée. Bilan de la guerre : 850 000 à 900 000 morts (dont 150 000 assassinés, 115 000 par les Rouges et 35 000 par les nationalistes).

X - L'Espagne contemporaine : En 1942 fut mise en place une Assemblée (Cortes) qui accomplit une importante œuvre législative. Pour fixer un terme à la crise du régime, le Caudillo fit approuver par référendum une loi de succession (6 juillet 1947) qui réaffirmait le retour de l'Espagne à la monarchie. (...) Mais une nouvelle tension se développa en décembre 1970 avec le procès des nationalistes basques à Burgos. Elle culmina avec l'assassinat du Premier ministre Carrero Blanco, le 20 décembre 1973. La mort de Franco en novembre 1975 et l'accession au trône de Juan Carlos (1938 - ? ), mort à ? ans, ouvrent une période de profondes transformations politiques. Avec l'aide d'un nouveau Premier ministre, Adolfo Suàrez, le roi entreprend la démocratisation du pays : le 15 décembre 1976, un référendum approuve l'élection au suffrage universel d'un parlement composé de deux assemblées.


BEAUX-ARTS : Le territoire conserve d'assez nombreux témoignages de l'art préhistorique : des enceintes des villes (Tarragone), mais surtout des grottes à peintures, dont la plus célèbre est celle d'Altamira. Mais il est évident que, des différents envahisseurs, les Arabes, qui, après les Wisigoths, occupèrent une grande partie du pays du VIIIème au Xème siècle, y laissèrent une profonde empreinte. Ils élevèrent de nombreux palais et mosquées appartenant à l'art de l'islam, dont peu sont parvenus jusqu'à nous. Citons la mosquée de Cordoue (VIIIème - Xème siècle), la Giralda (XIIème siècle), l'Alcazar de Séville (XIVème siècle), l'Alhambra (XIIIème - XVème siècle) et le Generalife de Grenade (XIVème siècle). La Renaissance classique n'a pas marqué profondément le pays (Palais royal, inachevé, sur l'Alhambra et cathédrale de Grenade). Le palais-monastère de l'Escorial (1563 -1584), d'une grave austérité, est demeuré seul en son genre. En Castille se succédèrent les maîtres de la grande sculpture polychrome : Alonso Berreguete (1490 - 1561), mort à 71 ans, puis Gregorio Hernàndez (1576 - 1636), mort à 70 ans, en Andalousie, il faut citer surtout Martinez Montanes (1568 -1649), mort à 81 ans, et Alonso Cano (1601 - 1667), mort à 66 ans, également peintre et architecte. C'est à partir de cette époque que l'art espagnol devint pleinement national. En architecture, le baroque l'emporta progressivement dans une exubérance décorative qui culmina avec le style churrigueresque, du nom de son principal représentant, José Churriguera (1665 -1723), mort à 58 ans. La peinture brilla d'un éclat particulier. A la fois réaliste et mystique, répudiant le plus souvent les sujets mythologiques ou historiques ainsi que le nu, elle traita les sujets religieux et le portrait. Le Greco (1540 - 1614), mort à 74 ans, Espagnol d'adoption, inaugura ce siècle d'or de la peinture espagnole, dont les principaux représentants furent Ribalta (1555 -1628), mort à 73 ans, Ribera (1588 -1652), mort à 64 ans, Zurbaràn (1598 - 1664), mort à 66 ans, Herrera (mort en 1656), Murillo (1618 – 1682), mort à 74 ans, Valdés Léal (1622 - 1690), mort à 68 ans et surtout Vélasquez (1599 - 1660), mort à 61 ans et Goya (1746 - 1828), mort à 82 ans qui annonce les Temps modernes. A la fin du XIXème siècle, Gaudi y Cornet (1852 - 1926), mort à 74 ans, entreprit en architecture des expériences qui se rattachèrent au modern style. En peinture, il faut citer Rusinol (1861 - 1931), mort à 70 ans et Sorolla (1863 - 1923), mort à 70 ans, ainsi que, au XXème siècle, Zuloaga, Solana, Nonell, Picasso (Malaga 1881 - Mougins 1973), mort à 92 ans, Juan Gris (Madrid 1887 - Boulogne-sur-Seine 1927), mort à 40 ans, Maria Blanchard, Miro, Dali, Dominguez, Bores, etc.; en sculpture citons Manolo, Gargallo, Gonzàles et l'animalier Mateo Hernàndez.

MADRID:

a) Histoire : Forteresse arabe (Magrît), la ville fut conquise par Alphonse de Castille en 1083. Résidence royale sous Charles Quint, la ville devint capitale sous Charles Quint à partir de 1561 et fut embellie au XVIIIème siècle (Palais Royal, Prado). Elle fut le théâtre, le 2 mai 1808, d'un soulèvement réprimé brutalement par Murât, point de départ de l'insurrection espagnole contre l'occupation française. La ville fut occupée par les Français jusqu'en 1814. Madrid, défendue par l'armée républicaine du général Miaja, fut l'enjeu de violents combats lors de la guerre civile (1936 - 1939) et ne se rendit que le 28 mars 1939.

b) Beaux-arts : Madrid possède peu d'édifices antérieurs à la Renaissance. Du XVIème siècle datent la Capilla del Obispo (1520), l'église et le couvent des Descalzas Reaies (seconde moitié du XVIème siècle). Du XVIIème siècle, la Plaza Mayor, œuvre de l'urbaniste Juan Gomez de Mora en 1619; le couvent de l'Encarnation en 1611; le parc du Retire (à partir de 1630).

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